1944 – 22 juillet – Après l’assassinat du Colonel Edmond Robert Lévêque

NDLR : Une immense parties des informations partagées ici sont extraites des 6929 documents déclassifiés provenant du procès du Tribunal Militaire de Lyon en Juin 1953

Laurence, leur fille, fut confiée au secours populaire avant de pouvoir rejoindre les parents de Marguerite; Edouard et Alice Kinziger à la Ferté sous Jouarre.

Témoignage de Mlle Marie Pernette, 40 ans, assistante Sociale au secours social à Autun. : « vers 19h30 le nommé GROSJEAN accompagné d’un officier Allemand s’est présenté à mon bureau. GROSJEAN m’a déclaré en me désignant une petit fille, « vous aurez à vous occuper de cette enfant, la mère vient d’être arrêtée. » J’ai demandé aussitôt le nom de l’enfant qu’il m’amenait; la fillette elle-même s’est nommée Laurence LEVEQUE. J’ai insisté auprès de l’officier allemand et de GROSJEAN, vêtu en milicien, pour savoir ce que j’avais à faire et de quoi il s’agissait, et par deux fois il m’a répondu « POLICE ALLEMANDE DE CHALON ». Lorsqu’ils ont quitté mon bureau la jeune LEVEQUE s’est écriée « ils ont fusillé mon papa ». Par la suite cette fillette interrogée m’a déclaré qu’elle avait vu tomber son père dans le couloir et qu’il était sûrement tué, de fait qu’il avait reçu beaucoup de balles de mitraillette. Je tiens à préciser qu’à aucun moment Mme Lévèque n’a été amené dans nos services depuis son arrestation. « 

Son épouse Marguerite Kinziger, également agent de renseignements du réseau Alliance Forteresse à Autun fut arrêtée et déportée à Ravensbrück d’où elle reviendra, invalide souffrant physiquement et psychiquement (ruminations hypermnesiques) à cause des sévices et tortures subits . (source)

1944 – 22 juillet – Colonel Edmond Robert Lévêque : exécuté par GrosJean, Michaud et Gressard (miliciens de la gestapo) et les nazis Haeberle, Eberle et Mulard

NDLR : Une immense parties des informations partagées ici sont extraites des 6929 documents déclassifiés provenant du procès du Tribunal Militaire de Lyon en Juin 1953

Le Colonel Edmond Lévêque fut exécuté à travers la porte de son appartement 1 rue de l’Arbalète, à Autun sous les yeux de sa femme Marguerite et de sa fille Laurence le 22 juillet 1944 à 19 heures par les miliciens autunois Grosjean et Bressard et les nazis Eberle et Mulard ainsi que 2 autres nazis non identifiés.

Le commando fusillèrent le Colonel LEVEQUE à son domicile, 1 rue de l’Arbalette (Place du Champs de Mars) à Autun le 22 juillet, abattu à travers une porte sous les yeux de sa femme et de sa fille.

http://santemiland.unblog.fr/12-aout-44/

NDLR: Certaines sources sur Internet font état qu’il fut d’abord arrêté puis fusillé. C’est faux. Le livre de Marguerite en atteste. Après sa mort, pour que Marguerite bénéficie d’une pension légèrement plus importante, l’armée considéra que son assassinat avait été précédé par son arrestation car sa maison était encerclée de toute part.

Témoignage de Mme Viard – 32 ans – Débitante au Café Français – 1 rue de l’Arbalète, Autun :  

« Dans la soirée du 22 juillet 1944 vers 19 heure, alors que je me trouvais à mon comptoir, le nommé GROSJEAN dit « Tintin » s’est présenté à moi et m’a demandé : « M Lévèque habite dans cet immeuble, je voudrais savoir exactement où ce trouve sa porte. » 

Je lui ai répondu : « Je l’ignore, c’est alors qu’il m’a dit : Accompagnez-moi, j’ai refusé, lui déclarant qu’étant seule, je ne pouvais pas laisser mon commerce et j’ai rajouté qu’il pouvait sonner à la porte. Il m’a répondu d’un ton ironique : « Nous, nous ne sonnons pas ». Je précise qu’il était seul et qu’il n’avait pas d’arme apparente.  

GROSJEAN a quitté mon débit après avoir passé par le couloir qui conduit à l’appartement de M. Lévèque. Je l’ai suivi jusqu’à la porte du couloir. A ce moment là, il a frappé de sa main sur la boite aux lettres qui est situé dans le dit couloir en disant: En tout cas, c’est bien là, puisque voilà sa boite aux lettres. 

GROSJEAN est sorti dans la rue et moi je  suis rentrée dans mon établissement. 

Quelques secondes plus tard, après alors que je regardais par la fenêtre de mon débit, j’ai remarqué un porteur d’une mitraillette qui pénétrait dans le couloir. L’ayant vu de dos, je ne puis dire qui c’était. 

Témoignage de Mme Rivière 24 ans – 1 rue de l’Arbalète, voisine de palier du Colonel Lévèque. « Je précise que les auteurs de ce crime se sont d’abord présentés devant la porte de M. Lévèque, et que d’autres individus qui se trouvaient au rez-de-chaussée ont actionné la sonnette dans le but évident de surprendre M. Lévêque, car à aucun moment je n’ai entendu frapper à la porte de ce dernier 

Témoignage de Mme Viard « Un instant après, j’ai perçu nettement plusieurs rafales de mitraillette, dans l’immeuble. Au même instant ,ce dernier  a été cerné par de nombreux allemands qui étaient arrivés en automobile et à pied. » 

Témoignage de Mme Rivière « Presque simultanément, j’ai entendu les coups de feu et des cris . Après les rafales de mitraillettes qui était tirées sur le palier, j’ai entendu Mme Lévèque de mon appartement qui criait « au secours ». 

Marguerite Lévêque témoigna : « Je me précipite à l’une des fenêtres et crie « au secours, au secours on le tue ». Je vois des gens sur la place, comme figés par la terreur, les yeux levées vers moi, mais personne ne répond à mes appels. Mon regard tombe à pic et je vois un cordon serré d’allemands mitraillettes en main, qui cernent l’immeuble. Mes cris s’arrêtent. Les rafales durent toujours. Je vois ma fille prête à enjamber une fenêtre de ce troisième étage. Elle est dans un état nerveux extrême. Je me domine et la prend dans mes bras. Le feu cesse enfin. Je m’approche de la porte vitré donnant sur le couloir et toute percée par les balles. J’aperçois mon mari allongé sur le dos contre la porte d’entrée. A ce moment là on crie « ouvrez! ». Je me bouge, la porte est poussée. « Oh, il est là » dit la même voix. Deux miliciens et six gestapos font irruptions, leurs armes fumantes à la main. Toujours le même reprend « oh oh, il avait dit que si on venait l’arrêter,cela ferait du pétard », et il ricane. Il remue brutalement le corps et vide les poches. » NDLR : Il s’agit probablement du milicien Grosjean. Haeberle m’a dit : « Préparez une valise de linge pour l’enfant, et très peu pour vous ».

Mme Rivière : « Puis immédiatement, dire à plusieurs reprises « MADAME OUVRIR ». A ce moment, Madame Lévêque est venue ouvrir sa porte. et j’ai entendu une ou plusieurs personnes pénétrer chez Madame Lévêque. Ce n’est qu’après que j’ai ouvert ma porte. J’ai vu par la porte entr’ouverte, une mare de sang à terre, à l’intérieur, près de l’entrée. D’après l’étendue de cette mare de sang, j’ai conclu aussitôt qu’on avait dû déplacer et trainer le corps de la victime, atteinte par les coups de feu tirés à travers porte, s’était affaissée près de l’entrée et gênait les arrivants. Il y avait à ce moment là sur le palier un soldat allemand et deux civils lesquels était porteurs de chacun une mitraillette (l’allemand ne possédait aucune arme apparemment). Aussitôt j’ai demandé ce qui se passait, le soldat allemand m’a répondu « rentrez immédiatement chez vous ». Je me suis exécuté aussitôt.  » 

« Devant les groupes hostiles et consternés des témoins, les Feldgendarmes tirèrent des rafales en l’air, pour disperser la foule. »

A mon point de vue, après avoir abattu M. Lévèque dans le couloir par la porte qui se trouvait fermée, les criminels ont exigé que Mme Lévèque ouvre cette dernière; Ces individus ont vraisemblablement effectué une perquisition dans l’appartement de leur victime, car j’ai entendu un bouleversement. 

Extrait de « Mes Grandes Vacances » mémoires de Marguerite Lévêque

Témoignage de Mme Viard « J’ai tout de suite penser que M. Lévèque venait d’être abattu à son domicile. »  « Au même moment où l’immeuble était cerné, j’ai vu GRESSARD pénétré dans le couloir. » 

Extrait de « Mes Grandes Vacances » mémoires de Marguerite Lévêque
Extrait de « Mes Grandes Vacances » mémoires de Marguerite Lévêque

GrosJean répondait aux ordres de Hans Krüger (capitaine SS chef de l’antenne du KdS de Stanislau, puis de Chalon-sur-Saône, (chef suprême des SS et de la Police dans le Gouvernement général) qui fut condamné à la peine de mort par contumace (en son absence) lors du procès des assassins de Edmond Lévèque.

Il est établi sur wikipedia que « L’activité principale de Krüger en France est la lutte antiterroriste et la chasse aux réfractaires du STO (NDLR). Il la mène avec peu d’hommes mais peut compter sur l’aide de miliciens « gestapaches » dont Pétrignani, Gressard, Grosjean pour les plus redoutables. »

Son épouse Marguerite Kinziger, également agent de renseignements du réseau Alliance Forteresse à Autun fut arrêtée et déportée à Ravensbrück d’où elle reviendra, invalide souffrant physiquement et psychiquement (ruminations hypermnesiques) à cause des sévices et tortures subits . (source)

1944 – Juin – Ordre d’Hitler de tuer tous les « terroristes ou saboteurs »

PROCES DE FRANZ HOLSTEIN ET 23 AUTRES – TRIBUNAL MILITAIRE PERMANENT DE DIJON (3 /2/1947)

Traduit de l’anglais : Selon la preuve présentée par l’accusation, Emil Goldberg a participé à des opérations combinées contre des membres de la résistance française. Les opérations ont été décidées et planifiées lors d’une conférence tenue à Dijon sous les auspices du général Hederich, Feldkommandant et » Befehlshaber Nord-Ost Frankreich  » (G.O.C., Nord-Est, France), en juin 1944. Trois des accusés étaient présents au procès : Emil Goldberg (Adjudant de la SD de Chalon), Georg Major (commandant OST Bataillon 654) et Franz Holstein (major). Le reste des 21 accusés ont été jugés par contumace (incluant Kruger).

Ils devaient fournir les troupes et donner des instructions, et tous devaient prendre part personnellement aux opérations à la tête de leurs unités. 

La conférence a décidé que le mouvement de résistance français dans la région devait être réprimé et anéanti, et que des mesures sévères devaient être prises contre eux et la population « en représailles » pour leur lutte contre les autorités d’occupation ou l’aide apportée à cet égard.

A la lumière de certains éléments de preuve, ces mesures devaient consister à exécuter sur place tous les résistants, capturés avec armes, conformément aux aux ordres d’Hitler de tuer tous les « terroristes » ou « saboteurs » ; de bruler trois fermes pour chaque soldat allemand tué, et une ferme pour chaque soldat allemand blessé. 

Les événements décrits par l’Accusation ont montré que, dans l’exécution des au-dessus des instructions, les accusés ont tué un grand nombre d’habitants, détruit par le feu de nombreux bâtiments dans diverses localités et pillé les propriétés de la population. 

La mission a été menée à bien et les crimes perpétrés par plusieurs  colonnes opérant simultanément dans les différentes zones, et se déplaçant de d’un domaine à l’autre. Une colonne était composée d’officiers allemands- des cadets fournis et commandés personnellement par Hippe et son adjoint, Hildebrand. Une autre colonne était composée de troupes russes quisling, Ost Bataillon 654, sous le commandement d’officiers et sous-officiers allemands. ‘alors le O.C. était major. Les rangs d’une troisième colonne étaient remplis de membres du 5 Kouban Regiment, une autre unité russe (cosaque), sous les ordres du capitaine Hepeke. En outre, il y avait des détachements de Feldgendarmes allemands de l’Ortskommandantur de Château-Chinon, sous les lieutenants Moeckel et Eder, ainsi que presque tout le personnel du S.D. à Chalon- sur-Saône, avec à sa tête Kruger.

1943 – 17 janvier à Avril 1945 – Réseau Alliance – Section Forteresse

Schema de l’organisation. Edmond et Marguerite étaient tout deux agents actifs P2 dans la section Forteresse à Autun.

Ce qui caractérisait le réseau Alliance était donc son origine dans l’armée et son choix de combat : l’espionnage. Il fallait avant tout transmettre à Londres, fournisseur de matériels et d’argent, toutes les informations pertinentes obtenues par les membres du réseau dispersés dans toute la France et même en Afrique du nord où l’Allemagne avait pris pied.
Attaquer directement l’armée allemande n’était pas une option : ce n’était plus le travail de ces officiers mais celui des armées conventionnelles outillées pour cela : celles des Alliés. A chacun sa spécialité. C’est pourquoi le discours aux jeunes recrues était de ne pas porter d’armes sur eux pour « tuer du boche » mais, en recherchant des informations cruciales pour les armées alliées, ils contribueraient à en mettre beaucoup plus hors de combat.
Cela n’empêcha pas toutefois l’intervention du réseau sur des « coups » particuliers à la demande de Londres qui n’avait pas toujours les hommes suffisants à disposition en France. Mais c’était l’exception. Parfois aussi, le réseau fournissait des armes aux autres réseaux et maquis, mais ne participait pas aux attaques. Il fallait garder les membres du réseau Alliance en vie pour d’autres tâches jugées par les dirigeants du réseau Alliance plus fonctionnelles pour la victoire. Chacun son boulot…

Marie Madeleine Fourcade qui explique comme le réseau fut créé, pourquoi les membres avaient des noms d’animaux – « Arche de Noé », nom donné au réseau par Hitler:

Source : Association réseau Alliance

Démobilisé , le Colonel Lévêque et sa femme Marguerite entrèrent dans la Résistance comme agent principal de renseignements du réseau de renseignements militaires Alliance sur la région nord-est « Forteresse ». En guise de couverture, Edmond devint ingénieur et responsable du personnel à l’usine des Télots à Saint-Forgeot, près d’Autun (Saône-et-Loire). Par son emploi, il facilitait la tâche des patriotes fuyant le STO en sabotant les départs des travailleurs vers l’Allemagne.

Les renseignements recueillis étaient transmis au Grand Etat-Major Allié grâce aux émissions clandestines d’un important réseau d’appareils radios accrochés sur la Centrale de Londres. La liaison était complétée par des courriers réguliers, avions Lysanoer, sous-marins ou vedettes rapides qui, embarqué
mois, emportaient du courrier, amenaient ou expatriaient les
agents du Réseau. Enfin, de fréquents parachutages assuraient
le ravitaillement en matériel radio, questionnaires, armes, fonds, matériel de toutes sortes, livres, vêtements.

Voir page 13 du mémorial.

1943 – 17 janvier au 22 juillet 1944- Métropole résistance comment agent P2 (campagne double), réseau Alliance

Entre dans la résistance des Forces françaises combattantes en qualité d’engagé volontaire au réseau Alliance comme agent P2 et chargé de mission de 1ere classse (Capitaine) 

Agent principal de renseignements de la région nord-est. Forteresse

Nom donné en 1942, à Londres, par le général de Gaulle, à l’organisation militaire constituée par les agents des réseaux de la France libre dans la zone occupée par les Allemands ou contrôlée par le gouvernement de Vichy.

Ces agents souscrivaient un engagement qui les faisait bénéficier du régime militaire en matière de garanties, de récompenses et de pensions ; ils étaient classés, suivant leur activité, en agents P1, s’ils continuaient leurs occupations personnelles, ou en agents P2, au cas où ils se consacraient exclusivement à la lutte contre l’ennemi. Ces derniers étaient soumis à la discipline militaire.

C’est le plus grand réseau dépendant de l’Intelligence Service (NDLR MI6 britannique, lire article 1946 – 6 mai – Certificate of Service signé du Général Montgomery) sur le territoire français ; c’est également le plus grand réseau commandé par une femme durant cette période, et plus du quart de ses membres sont également des femmes. Par leurs noms de code, inspirés pour la majeure partie de noms d’animaux, ses agents sont surnommés par Hitler « l’Arche de Noé ».

1942 – 28 Août – Cessation de service dans le corps, se retire en tant que Commandant en second de l’école militaire d’infanterie de Aix en Provence

Cesse le commandement du 3° régiment Étranger d’Infanterie le 23.7.1942, affecté comme  Commandant en second à l’Ecole Militaire d’Infanterie à Aix en Provence, rejoindra son nouveau poste le 10.10.1942 par télégramme officiel N°5218 EMA/3 en date du 29.5.1952 du secrétariat d’état à la guerre, notifiée sous n° 290 P/O le 23.7.1942 par le Général CDt la division de Fès.

Le lycée militaire d’Aix-en-Provence est l’un des six lycées de la Défense.

Sa devise est « Bien s’instruire pour mieux servir ».


1942 – 28 Juillet – Commandant en second de l’école de Saint Maixent

Les écoles militaires d’officiers : l’école spéciale militaire de Saint-Cyr et l’école militaire d’infanterie de Saint-Maixent, repliées à Aix-en-Provence.