Le déroulé des évènements

▪️6 juin 1944 : Débarquement en Normandie (wikipedia)

▪️mi-juin 1944 : Hitler donne l’ordre de tuer tous les « terroristes ou saboteurs »

▪️ mi-juin 1944 : Conférence tenue à Dijon sous les auspices du général nazi Hederich, parmi les participants étaient présents Emil Goldberg (Adjudant de la SD de Chalon) et Hanz Kruger (chef de la gestapo à AUTUN et Chalon sur Saône).

▪️ Juin-Juillet 1944 : Le Colonel Lévêque est dénoncé par le garde du corps du sous préfet d’Autun ainsi que par le milicien Mulard.

▪️ 22 Juillet 1944 : Execution du Colonel Lévêque à son domicile devant sa femme et sa fille.

▪️ 22 juillet 1944 : Laurence Lévêque est confiée au secours populaire avant d’être recueillie par ses grands-parents Edouard et Alice Kinziger.

▪️ 22 Juillet 1944 – 24 août 1944 : Marguerite Lévêque – Arrestation par la gestapo et emprisonnement à la prison de Chalon-sur-Saône

▪️ 25 juillet : Les français négocient l’enlèvement de la dépouille du Colonel Lévêque de son appartement

▪️ 24 août 1944 Marguerite Lévêque est arrêtée et déportée à Ravensbrück

▪️ 29 mars 1945 : Gressard est Condamné à mort par la cour de justice de Chalon

▪️ 1945 – 11 avril – 14 Avril 1945 Marguerite Lévêque – Rapatriement vers Paris depuis le camps de concentration de Ravensbrück, Allemagne

▪️ 8 Mai 1945 Victoire des alliés

▪️ 10 mai 1945, à 5 h 55 : Gressard est fusillé devant un peloton d’execution sans avoir les yeux bandés à la prison de Chalon sur Saône.

▪️ 1946 Grosjean est condamné à mort le 31 juillet 1946 et fusillé au fort de Sennecey-lès-Dijon le 9 décembre 1946. 

▪️ 1945 – 1972 Karl Heinz Hederich (wikipedia) fut fait prisonnier par les Soviétiques en avril 1945, où il resta jusqu’en août 1945. De décembre 1945 à septembre 1948, il fut placé en détention comme témoin lors du procès de Nuremberg . En octobre 1949, il fut dénazifié et disculpé à Düsseldorf . Après sa libération, il a travaillé pendant près de 25 ans jusqu’en 1972 comme ingénieur dans une entreprise de construction métallique à Mönchengladbach. (Source wikipedia, traduit de l’anglais).

▪️ 3 février 1947, Hans Krüger (wikipedia) est condamné une première fois à mort par contumace par le tribunal militaire de Dijon pour les faits passés à Dun-les-Places. Entre 1944 et 1959, il rentra dans la vie civile, occupant des postes de représentant de commerce et se lança en politique. Le 18 avril 1966, s’ouvre son procès à Münster.

▪️ 3 février 1947, Emil Goldberg, adjudant SD, fut condamné à mort par le tribunal militaire de Dijon, peine commuée en 20 ans de travaux forcés.

▪️ 10 juin 1953, Hans Krüger (wikipedia) est condamné une seconde fois à mort par contumace par le tribunal militaire de Lyon.

▪️ 6 mai 1968, Krüger est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité pour crimes contre l’humanité. Il ne sera jamais condamné pour ses crimes commis contre les Polonais ethniques, non juifs, ni ceux des résistants français. Il est libéré de prison en 1986 et meurt le 8 février 1988 (sources:wikipedia).

1974 – 30 juillet – Marguerite Lévêque – Officier de la légion d’Honneur

L’ordre national de la Légion d’honneur est l’institution française qui, sous l’égide du grand chancelier et du grand maître, est chargée de décerner la plus haute décoration honorifique française. Instituée le 19 mai 1802 par le Premier consul de la République, Napoléon Bonaparte, elle récompense depuis ses origines les militaires comme les civils ayant rendu des « services éminents » à la Nation.

L’ordre comprend trois grades (chevalier, officier et commandeur) ainsi que deux dignités (grand officier et grand-croix). En général, et selon la terminologie officielle, on est successivement : « nommé au grade de chevalier, promu au grade d’officier, promu au grade de commandeur, élevé à la dignité de grand officier, élevé à la dignité de grand-croix »

Cours d’honneur des invalides, Paris

1960 – 11 juillet – Médaille Militaire à titre postume

La Médaille militaire est la plus haute distinction militaire française

Récompense d’exploits extraordinaires ou de longues années passées sous les drapeaux, elle répond à la devise  » Valeur et discipline ».

Souvent appelée « la Légion d’honneur du sous-officier », la Médaille militaire est la troisième décoration française dans l’ordre de préséance, après l’ordre de la Légion d’honneur et l’ordre de la Libération.

Ses critères d’attribution

  • Etre engagé sous les drapeaux depuis au moins huit ans
  • Avoir été cité à l’ordre de l’armée
  • Avoir été blessé au combat ou en service commandé
  • S’être signalé par un acte de courage et de dévouement

De plus, toute candidature doit s’appuyer sur des mérites établis.
La Médaille militaire peut être attribuée aux étrangers.
Aujourd’hui, pour le grand public, cette décoration est souvent associée aux cérémonies militaires qui se déroulent notamment dans la cour des Invalides en présence du président de la République pour rendre hommage aux soldats méritants ou aux soldats tués en interventions extérieures, comme ces dernières décennies au Tchad, en Afghanistan ou encore au Mali.

1960 – 3 juin – Médaille de la Résistance Française

La médaille de la Résistance française est une décoration française instituée en février 1943 à Londres par le général de Gaulle, chef de la France combattante. Son objet était de « reconnaître les actes remarquables de foi et de courage qui, en France, dans l’Empire et à l’étranger, auront contribué à la Résistance du peuple français contre l’ennemi et contre ses complices depuis le 18 juin 1940 ». Il s’agit, après l’ordre de la Libération, de la seconde et seule autre décoration créée pendant la Seconde Guerre mondiale par le général de Gaulle.

La médaille de la Résistance française a été conférée à 65 029 personnes dont 25 722 à titre posthume, appartenant aussi bien aux Français libres qu’à la Résistance intérieure. Elle a été également attribuée à 55 collectivités civiles ou militaires

1959 – 13 novembre – Marguerite Lévêque- Chevalier de la légion d’Honneur

L’ordre national de la Légion d’honneur est l’institution française qui, sous l’égide du grand chancelier et du grand maître, est chargée de décerner la plus haute décoration honorifique française. Instituée le 19 mai 1802 par le Premier consul de la République, Napoléon Bonaparte, elle récompense depuis ses origines les militaires comme les civils ayant rendu des « services éminents » à la Nation.

1959 – 13 novembre – Marguerite Lévêque – Croix de Guerre 1939-1945 avec palme

La croix de guerre 1939-1945 est une décoration militaire française destinée à distinguer des personnes (civiles et militaires), des unités, des villes ou des institutions ayant fait l’objet d’une citation pour fait de guerre au cours de la Seconde Guerre mondiale.

Photo de la décoration originale

1959 – 28 avril – Marguerite Lévêque – Croix du Combattant Volontaire 1939-1945 (1/2/1943 – Avril 1945)

Cette décoration est l’équivalent de celle dont bénéficiaient les combattants de la première Guerre mondiale. C’est à la demande des associations d’Anciens combattants que l’État fixe par une loi du 4 février 1953, assortie d’un décret d’application du 19 novembre 1955, l’attribution de la croix du combattant volontaire 1939-1945.

Ruban : de couleur rouge (rappel du ruban de l’Ordre national de la Légion d’Honneur), avec une bande médiane verte et deux bandes latérales jaune (rappel du ruban de la Médaille militaire).

Croix : à l’avers « RÉPUBLIQUE FRANÇAISE » et au revers les dates « 1939-1945 ».

1956 – 2 mars – Mention « Mort pour la France » sur l’acte de décès

NDLR: A la demande de Marguerite, l’inscription « Mort pour la France » fut rajouté sur l’acte de décès.

« Mort pour la France » est une mention honorifique posthume ajoutée à l’état civil d’une personne afin de reconnaître son sacrifice au service de la France. L’attribution de cette mention est régie par les articles L. 511-1 à L. 511-51 du Code des pensions militaires d’invalidité et des victimes de guerre.

1953 – 10 au 14 juin – Procès des assassins – Tribunal militaire de Lyon

NDLR : 6929 documents d’archives ont été transmises par le Ministère des Armées.

Procédure judiciaire dite du « Siecherheitsdienst (SD) de Chalon-sur-Saône », clôturée par le jugement no 195/5732 rendu le 12 juin 1953 par le Tribunal militaire permanent (TMP) de Lyon à l’encontre d’Emile Goldberg, Karl Haeberle et Hans Kruger (Source: Ministère des Armées, Juillet 2023)

Extrait des journaux :

L’ASSASSINAT DU COLONEL Lévêque à AUTUN

C’était Haeberle qui est chargé d’arrêter le Colonel Lévêque d’Autun, sur ordre du Lieutenant Hans Krüger. Le Colonel Lévêque était un brilliant officier supérieur. Ancien élève de l’école de Saint Maixent, il avait commandé le magnifique régiment qu’est le 3e étranger à Fez. Puis, il lui avait été confié cette belle école d’élèves officiers, dont lui même était sorti, pendant l’occupation.

Haeberle avait pris toutes ses dispositions pour ceinturer sa maison à Autun. Puis le 22 juillet, le colonel Lévêque, habitant au troisième étage, au dessus du café français, va répondre à sa porte. On a sonné. Mais ce patriote voit les miliciens. Il referme bien vite sa porte. Aussitôt, il est abattu sauvagement. Telle est la fin dramatique de ce bel officier aux brillants états de services.

Son corps est resté trois jours étendu dans le vestibul. Il a fallu négocier pour le faire enlever.

Voici que s’avance lentement à la barre Mme Robert Lévêque, épouse du regretté colonel. Son visage est contracté. Elle retient ses larmes. On lui donne une chaise. Elle rappelle cette terrible scène qu’elle va faire revivre avec discrétion.

Oui Haeberle, dit-elle, était à la tête des miliciens. Ils ont fouillé mon appartement. Ensuite Haeberle m’a dit : « Préparez une valise de linge pour l’enfant, agé de 7 ans et très peu pour vous ».

  • La suite dans la coupure de journaux

Puis Madame Lévêque s’en va, toujours aussi digne. Elle a retenu ses larmes jusqu’à la dernière minute de sa déposition. Elle quitte aussitôt le prétoire.

Toutefois, en fin d’audience, Goldberg déclare « qu’à l’époque il fallait, coûte que coûte, obtenir des renseignements sur les maquis qui causaient tant de pertes aux Allemands. Et il ajoute : J’ai dû employer des moyens qui me répugnaient. »

1946 – 3 Août – Marguerite Lévêque – Médaille de la Résistance Française

La médaille de la Résistance française est une décoration française instituée en février 1943 à Londres par le général de Gaulle, chef de la France combattante. Son objet était de « reconnaître les actes remarquables de foi et de courage qui, en France, dans l’Empire et à l’étranger, auront contribué à la Résistance du peuple français contre l’ennemi et contre ses complices depuis le 18 juin 1940 ». Il s’agit, après l’ordre de la Libération, de la seconde et seule autre décoration créée pendant la Seconde Guerre mondiale par le général de Gaulle.

La médaille de la Résistance française a été conférée à 65 029 personnes dont 25 722 à titre posthume, appartenant aussi bien aux Français libres qu’à la Résistance intérieure. Elle a été également attribuée à 55 collectivités civiles ou militaires

1946 – 6 mai – Marguerite Lévêque – Certificate of Service signé du Général Montgomery

NDLR: Le réseau Alliance était un réseau d’information, destiné à préparer le débarquement en Normandie. Le réseau Alliance, fournissait ces informations aux services secrets britanniques MI6.

He (ndlr: Général Montgomery) was transferred out of Italy on 23 Dec 1943 for the upcoming cross-Channel invasion.
Upon his return to England, Montgomery was given the 21st Army Group which encompassed all Allied ground forces that would take part in Operation Overlord, the invasion of Normandie, France. He had wished for the responsibility of overall Allied command, but was unable to secure the position due to politics since the United States contributed greatly to the campaign in both men and materiel.

https://ww2db.com/person_bio.php?person_id=7

1946 – 6 mai – Certificate of Service signé du Général Montgomery

NDLR: Le réseau Alliance était un réseau d’information, destiné à préparer le débarquement en Normandie. Le réseau Alliance, fournissait ces informations aux services secrets britanniques MI6.

He (ndlr: Général Montgomery) was transferred out of Italy on 23 Dec 1943 for the upcoming cross-Channel invasion.
Upon his return to England, Montgomery was given the 21st Army Group which encompassed all Allied ground forces that would take part in Operation Overlord, the invasion of Normandie, France. He had wished for the responsibility of overall Allied command, but was unable to secure the position due to politics since the United States contributed greatly to the campaign in both men and materiel.

https://ww2db.com/person_bio.php?person_id=7

1945 – 11 avril – 14 Avril 1945 Marguerite Lévêque – Rapatriement vers Paris depuis le camps de concentration de Ravensbrück, Allemagne

Source « Mes Grandes vacances, Marguerite Lévêque » Au départ de Ravensbrück, convoie en camion vers Berlin jusqu’à la frontière Suisse puis en train, lac de constance, Genève, Annemasse, Lyon puis Paris (voir carte ci-dessous).

Le général de Gaulle accueille des rescapées de Ravensbrück, avril 1945. © Mémorial de la Shoah /CDJC
Les premières femmes de Ravensbrück arrivent en gare de Lyon le 14 avril, accueillies par le général de Gaulle. Source

Les déportées furent ensuite dirigées vers le centre de traitement des déportées à l’hôtel Lutecia où elles recevèrent un ticket de métro et 10 francs.

1944 – 26 août – 11 Avril 1945 Marguerite Lévêque – Déportation au camps de concentration de Ravensbrück, Allemagne

Ravensbrück est une ancienne commune d’Allemagne située à 80 km au nord de Berlin, où le Troisième Reich établit de 1939 à 1945 un camp de concentration nazi spécialement réservé aux femmes, dans lequel vivent aussi des enfants. source

Source :archives-nationales.culture.gouv.fr/documents/10157/294803/Livret-Ravensbruck-web.pdf/

Lire « Camp nazi de Ravensbrück : Comment des femmes ordinaires sont devenues des tortionnaires SS« 

Marguerite fut sujet aux travaux forcés pour Siemens : Extrait de ses mémoires, archives familiales.

The Siemens subcamp (Siemenslager) was located on a
swampy rise above Lake Schwedt in the immediate vicinity of
the Ravensbrück women’s concentration camp and the Ravensbrück “production center” of the Siemens concern. On
December 3, 1944,
detainees of the so-called Siemens detail
were transferred to the Siemens subcamp. The history of the
Siemens detail is the history of the Siemens subcamp as well
as the Siemens & Halske (S&H) fi rm’s involvement with the
Ravensbrück women’s concentration camp.

https://muse.jhu.edu/pub/3/oa_monograph/chapter/3209422

Pour aller plus loin : Encyclopédie de la Shoah

Procès de Ravensbrück

Le procès de Ravensbrück à Hambourg est une série de sept procès (1947 – 1948) pour crimes de guerre contre les fonctionnaires du camp de concentration de Ravensbrück que les autorités britanniques ont tenus dans leur zone d’occupation à Hambourg en Allemagne, après la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Ces procès ont lieu devant un tribunal militaire : trois des cinq juges sont des officiers britanniques, assistés par un avocat. Parmi les accusés figurent des membres du personnel du camp de concentration, à tous les niveaux : des officiers SS, les médecins du camp, des gardes masculins et féminins (Aufseherinnen), et quelques ex-prisonniers fonctionnaires qui ont torturé ou maltraité d’autres détenus. Au total, 38 accusés sont jugés dans ces sept procès. 21 des accusés sont des femmes. Un total de dix-huit condamnations à mort sont prononcées.

1944 – 24 août – 26 août 1944 Marguerite Lévêque – Transport vers le camps de concentration de Ravensbrück, Allemagne

1944 – 22 juillet – Après l’assassinat du Colonel Edmond Robert Lévêque

NDLR : Une immense parties des informations partagées ici sont extraites des 6929 documents déclassifiés provenant du procès du Tribunal Militaire de Lyon en Juin 1953

Laurence, leur fille, fut confiée au secours populaire avant de pouvoir rejoindre les parents de Marguerite; Edouard et Alice Kinziger à la Ferté sous Jouarre.

Témoignage de Mlle Marie Pernette, 40 ans, assistante Sociale au secours social à Autun. : « vers 19h30 le nommé GROSJEAN accompagné d’un officier Allemand s’est présenté à mon bureau. GROSJEAN m’a déclaré en me désignant une petit fille, « vous aurez à vous occuper de cette enfant, la mère vient d’être arrêtée. » J’ai demandé aussitôt le nom de l’enfant qu’il m’amenait; la fillette elle-même s’est nommée Laurence LEVEQUE. J’ai insisté auprès de l’officier allemand et de GROSJEAN, vêtu en milicien, pour savoir ce que j’avais à faire et de quoi il s’agissait, et par deux fois il m’a répondu « POLICE ALLEMANDE DE CHALON ». Lorsqu’ils ont quitté mon bureau la jeune LEVEQUE s’est écriée « ils ont fusillé mon papa ». Par la suite cette fillette interrogée m’a déclaré qu’elle avait vu tomber son père dans le couloir et qu’il était sûrement tué, de fait qu’il avait reçu beaucoup de balles de mitraillette. Je tiens à préciser qu’à aucun moment Mme Lévèque n’a été amené dans nos services depuis son arrestation. « 

Son épouse Marguerite Kinziger, également agent de renseignements du réseau Alliance Forteresse à Autun fut arrêtée et déportée à Ravensbrück d’où elle reviendra, invalide souffrant physiquement et psychiquement (ruminations hypermnesiques) à cause des sévices et tortures subits . (source)

1944 – 22 juillet – 24 Août 1944 – Marguerite Lévêque – Arrestation par la gestapo et emprisonnement à la prison de Chalon sur Saône

Lucette Billard, la plus jeune déportée autunoise, a témoigné du courage, de la fermeté, de la grandeur morale de Mme Lévêque. Quelques jours après la triste journée de l’assassinat du colonel, alors qu’elle était réunie dans la même cellule de la gestapo de Chalon-Sur-Saône, avec d’autres résistantes, avant d’être déportée vers Ravensbrück, Lucette Billard a vu comment Mme Lévêque, par sa force de caractère, soignait et remontait le moral de ses compagnes de souffrance, « une vrai mère pour les plus jeune ». Source : Le journal de Saône et Loire, 20 avril 2005

« Elle retrouva Suzanne Lanoiselée et la femme du Colonel Lévêque. Puis, ce fut l’embarquement dans le dernier convoi de déportés vers l’enfer concentrationnaire de Ravensbruck. » source : Le journal de Saône et Loire

source

1944 – 22 juillet – Colonel Edmond Robert Lévêque : exécuté par GrosJean, Michaud et Gressard (miliciens de la gestapo) et les nazis Haeberle, Eberle et Mulard

NDLR : Une immense parties des informations partagées ici sont extraites des 6929 documents déclassifiés provenant du procès du Tribunal Militaire de Lyon en Juin 1953

Le Colonel Edmond Lévêque fut exécuté à travers la porte de son appartement 1 rue de l’Arbalète, à Autun sous les yeux de sa femme Marguerite et de sa fille Laurence le 22 juillet 1944 à 19 heures par les miliciens autunois Grosjean et Bressard et les nazis Eberle et Mulard ainsi que 2 autres nazis non identifiés.

Le commando fusillèrent le Colonel LEVEQUE à son domicile, 1 rue de l’Arbalette (Place du Champs de Mars) à Autun le 22 juillet, abattu à travers une porte sous les yeux de sa femme et de sa fille.

http://santemiland.unblog.fr/12-aout-44/

NDLR: Certaines sources sur Internet font état qu’il fut d’abord arrêté puis fusillé. C’est faux. Le livre de Marguerite en atteste. Après sa mort, pour que Marguerite bénéficie d’une pension légèrement plus importante, l’armée considéra que son assassinat avait été précédé par son arrestation car sa maison était encerclée de toute part.

Témoignage de Mme Viard – 32 ans – Débitante au Café Français – 1 rue de l’Arbalète, Autun :  

« Dans la soirée du 22 juillet 1944 vers 19 heure, alors que je me trouvais à mon comptoir, le nommé GROSJEAN dit « Tintin » s’est présenté à moi et m’a demandé : « M Lévèque habite dans cet immeuble, je voudrais savoir exactement où ce trouve sa porte. » 

Je lui ai répondu : « Je l’ignore, c’est alors qu’il m’a dit : Accompagnez-moi, j’ai refusé, lui déclarant qu’étant seule, je ne pouvais pas laisser mon commerce et j’ai rajouté qu’il pouvait sonner à la porte. Il m’a répondu d’un ton ironique : « Nous, nous ne sonnons pas ». Je précise qu’il était seul et qu’il n’avait pas d’arme apparente.  

GROSJEAN a quitté mon débit après avoir passé par le couloir qui conduit à l’appartement de M. Lévèque. Je l’ai suivi jusqu’à la porte du couloir. A ce moment là, il a frappé de sa main sur la boite aux lettres qui est situé dans le dit couloir en disant: En tout cas, c’est bien là, puisque voilà sa boite aux lettres. 

GROSJEAN est sorti dans la rue et moi je  suis rentrée dans mon établissement. 

Quelques secondes plus tard, après alors que je regardais par la fenêtre de mon débit, j’ai remarqué un porteur d’une mitraillette qui pénétrait dans le couloir. L’ayant vu de dos, je ne puis dire qui c’était. 

Témoignage de Mme Rivière 24 ans – 1 rue de l’Arbalète, voisine de palier du Colonel Lévèque. « Je précise que les auteurs de ce crime se sont d’abord présentés devant la porte de M. Lévèque, et que d’autres individus qui se trouvaient au rez-de-chaussée ont actionné la sonnette dans le but évident de surprendre M. Lévêque, car à aucun moment je n’ai entendu frapper à la porte de ce dernier 

Témoignage de Mme Viard « Un instant après, j’ai perçu nettement plusieurs rafales de mitraillette, dans l’immeuble. Au même instant ,ce dernier  a été cerné par de nombreux allemands qui étaient arrivés en automobile et à pied. » 

Témoignage de Mme Rivière « Presque simultanément, j’ai entendu les coups de feu et des cris . Après les rafales de mitraillettes qui était tirées sur le palier, j’ai entendu Mme Lévèque de mon appartement qui criait « au secours ». 

Marguerite Lévêque témoigna : « Je me précipite à l’une des fenêtres et crie « au secours, au secours on le tue ». Je vois des gens sur la place, comme figés par la terreur, les yeux levées vers moi, mais personne ne répond à mes appels. Mon regard tombe à pic et je vois un cordon serré d’allemands mitraillettes en main, qui cernent l’immeuble. Mes cris s’arrêtent. Les rafales durent toujours. Je vois ma fille prête à enjamber une fenêtre de ce troisième étage. Elle est dans un état nerveux extrême. Je me domine et la prend dans mes bras. Le feu cesse enfin. Je m’approche de la porte vitré donnant sur le couloir et toute percée par les balles. J’aperçois mon mari allongé sur le dos contre la porte d’entrée. A ce moment là on crie « ouvrez! ». Je me bouge, la porte est poussée. « Oh, il est là » dit la même voix. Deux miliciens et six gestapos font irruptions, leurs armes fumantes à la main. Toujours le même reprend « oh oh, il avait dit que si on venait l’arrêter,cela ferait du pétard », et il ricane. Il remue brutalement le corps et vide les poches. » NDLR : Il s’agit probablement du milicien Grosjean. Haeberle m’a dit : « Préparez une valise de linge pour l’enfant, et très peu pour vous ».

Mme Rivière : « Puis immédiatement, dire à plusieurs reprises « MADAME OUVRIR ». A ce moment, Madame Lévêque est venue ouvrir sa porte. et j’ai entendu une ou plusieurs personnes pénétrer chez Madame Lévêque. Ce n’est qu’après que j’ai ouvert ma porte. J’ai vu par la porte entr’ouverte, une mare de sang à terre, à l’intérieur, près de l’entrée. D’après l’étendue de cette mare de sang, j’ai conclu aussitôt qu’on avait dû déplacer et trainer le corps de la victime, atteinte par les coups de feu tirés à travers porte, s’était affaissée près de l’entrée et gênait les arrivants. Il y avait à ce moment là sur le palier un soldat allemand et deux civils lesquels était porteurs de chacun une mitraillette (l’allemand ne possédait aucune arme apparemment). Aussitôt j’ai demandé ce qui se passait, le soldat allemand m’a répondu « rentrez immédiatement chez vous ». Je me suis exécuté aussitôt.  » 

« Devant les groupes hostiles et consternés des témoins, les Feldgendarmes tirèrent des rafales en l’air, pour disperser la foule. »

A mon point de vue, après avoir abattu M. Lévèque dans le couloir par la porte qui se trouvait fermée, les criminels ont exigé que Mme Lévèque ouvre cette dernière; Ces individus ont vraisemblablement effectué une perquisition dans l’appartement de leur victime, car j’ai entendu un bouleversement. 

Extrait de « Mes Grandes Vacances » mémoires de Marguerite Lévêque

Témoignage de Mme Viard « J’ai tout de suite penser que M. Lévèque venait d’être abattu à son domicile. »  « Au même moment où l’immeuble était cerné, j’ai vu GRESSARD pénétré dans le couloir. » 

Extrait de « Mes Grandes Vacances » mémoires de Marguerite Lévêque
Extrait de « Mes Grandes Vacances » mémoires de Marguerite Lévêque

GrosJean répondait aux ordres de Hans Krüger (capitaine SS chef de l’antenne du KdS de Stanislau, puis de Chalon-sur-Saône, (chef suprême des SS et de la Police dans le Gouvernement général) qui fut condamné à la peine de mort par contumace (en son absence) lors du procès des assassins de Edmond Lévèque.

Il est établi sur wikipedia que « L’activité principale de Krüger en France est la lutte antiterroriste et la chasse aux réfractaires du STO (NDLR). Il la mène avec peu d’hommes mais peut compter sur l’aide de miliciens « gestapaches » dont Pétrignani, Gressard, Grosjean pour les plus redoutables. »

Son épouse Marguerite Kinziger, également agent de renseignements du réseau Alliance Forteresse à Autun fut arrêtée et déportée à Ravensbrück d’où elle reviendra, invalide souffrant physiquement et psychiquement (ruminations hypermnesiques) à cause des sévices et tortures subits . (source)